Selon un article du magazine elle.fr de juin 2024, il y aurait 26 façons de cuisiner un œuf qu’on doit forcément connaître ! Il est clair que cet aliment le plus universel regorge de délicieuses promesses encore cachées… et pas qu’en cuisine !
Symbole de vie
Depuis l’Antiquité, l’œuf est associé à la vie : symbole de création et d’éternité dans l’Égypte ancienne, représentation du cycle de la vie en Mésopotamie. Dans la Grèce et la Rome antiques, on suspendait des œufs colorés et on les offrait au mois de mars pour célébrer l’équinoxe de printemps – le début de l’année. L’œuf symbolisait ainsi le renouveau. Dès les débuts du christianisme, l’œuf est devenu le symbole de la résurrection : la promesse d’une ouverture à la vie, comme celle de la pierre roulée de devant le tombeau au matin de Pâques. Au Moyen-âge, l’Église interdisait la consommation de viande et d’œufs pendant le Carême. Les œufs pondus pendant ce temps étaient cuits, décorés et offerts en signe de cette nouvelle vie célébrée le dimanche de Pâques.
Vie précieuse
Quand j’étais catéchumène, au début du camp de confirmation, un œuf a été confié à chacun·e, et nous avons dû en prendre soin : ne pas l’oublier, ne pas le laisser tomber, le confier à nos camarades, oser le faire signer à un inconnu dans la rue. Si on cassait notre œuf, on devait alors le remplacer par un paquet de farine… et voici que le quotidien devenait un peu plus lourd et compliqué !
Une expérience qui devait faire naître en nous ce sens de notre responsabilité humaine : celle de permettre à la vie de circuler: prendre soin de ce qui nous est confié, partager et confier aussi un bout de nos existences aux autres.
Dans un monde où les incertitudes se multiplient – entre tensions politiques, montée des extrêmes et divisions croissantes – il est facile de perdre courage et de laisser l’angoisse et la peur prendre le dessus. La tentation est grande alors de percevoir notre existence comme une petite chose fragile qu’il faut jalousement protéger de tout ce qui vient de l’extérieur.
Mais n’oublions pas, à l’image de l’œuf remarquablement résistant – sa forme lui permet de supporter un poids étonnant sans se casser, tant qu’il est bien réparti – la vie qu’on laisse éclore est assez solide pour se frotter aux autres et aux événements du monde et de notre quotidien, si on lui permet ce savoureux équilibre entre sérieux et futilité, entre temps de soucis pour le monde et moments d’évasion.
Vie savoureuse
L’œuf englobe la vie à venir, et cette vie éclot de l’œuf lui-même : voici la promesse de Pâques. Avant la résurrection, il y a la croix ; la vie nouvelle ne peut naître qu’à partir de l’existence complètement assumée ici et maintenant.
Œuf dur, pain perdu ou douceur chocolatée: la diversité et l’abondance des dons que nous avons reçus et dont nous saurons marier les ingrédients avec audace feront le festin. Et à coup sûr, c’est bien plus de 26 nouvelles recettes qui nous sont promises à la dégustation !
Joyeuses Pâques!
NB: Cet article a été initialement rédigé pour le journal de la paroisse réformée de Bienne, « Bienn’Attitudes »