Anti-rides

Aujourd’hui, j’ai acheté une crème anti-rides. Un acte qui, il n’y a pas si longtemps, m’aurait semblé à peu près aussi probable que de m’inscrire à une retraite spirituelle en silence.

Le pot est là, posé sur le bord du lavabo. Il me nargue de son air supérieur… tout de blanc nacré et de promesses scientifiques : glycérine, vitamines, rétinol, collagène, élastine… on dirait le nom d’une troupe de super-héros venus combattre le plus vilains des méchants : le temps qui passe. Et moi, en l’achetant, j’ai l’impression d’avoir officiellement rejoint le camp des « grandes personnes ».

La caissière m’a à peine jeté un regard ; pour elle, c’est un produit comme un autre. Mais pour moi, c’est une capitulation en bonne et due forme. La preuve par l’achat que, oui, le miroir commence à raconter une histoire un peu plus… profilée. Une petite carte topographique d’émotions s’est discrètement installée au coin de mes yeux. On appelle ça des « pattes d’oie ». C’est chou comme nom, pour quelque chose qui vous rappelle que vous n’avez plus 20 ans.

Et pourtant, la grande arnaque dans tout ça, c’est que dans ma tête – je vous le promets – rien n’a bougé ! Je suis toujours cette fille qui met la musique un peu trop fort dans la voiture, qui peut rire aux larmes pour une blague vraiment bête, qui a des envies soudaines de tout plaquer pour aller élever des chèvres en Ardèche…
Il me semble que ma curiosité est intacte, que mon envie de découvrir, d’apprendre, de m’émerveiller n’a pas pris une ride. La petite étincelle de folie douce qui me fait dire « et pourquoi pas ? » est toujours là.

Alors, qui suis-je ? Cette femme qui achète une crème pour lisser l’avenir de sa peau, ou cette jeune âme qui se sent toujours capable de danser sur les tables – même si elle sait désormais qu’elle aura mal à ses articulations le lendemain ?

Peut-être que vieillir, ce n’est pas le contraire de la jeunesse. C’est juste la jeunesse avec des bagages en plus. Des souvenirs, des fous rires, quelques peines aussi, des leçons apprises et surtout, plein, plein d’amour partagé et une lucidité sur ce qui compte vraiment… C’est peut-être ça, le fameux « effet liftant ».

Alors ce soir, je vais essayer ma nouvelle crème – on verra bien si je me réveille demain avec une peux de pêche. Mais qu’on se le dise: aucune crème ne m’empêchera d’être celle qui décide, qui ose, qui s’enflamme. Le temps peut bien tenter de me tirer vers le sérieux… moi, je continuerai de filer juste assez de travers pour rester vivante. Parce que vieillir, oui. Mais s’assagir ? Jamais complètement !

Il y a les cheveux blancs aussi…

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